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vendredi 5 juillet 2013

Les députés votent la réforme de l'Académie des sciences et non sa liquidation

Voir: http://www.gazeta.ru/science/news/2013/07/05/n_3019733.shtml
http://izvestia.ru/news/553157

Aujourd'hui, en deuxième lecture, les députés ont adopté le texte remanié de la réforme de l'Académie des sciences. Et cette fois, il s'agit bien d'une réforme. Ce qui provoque l'énervement de Livanov.
 
En 24 heures, l'Administration présidentielle, en collaboration avec les académiciens et la Douma, a totalement remanié le projet de loi sur l'Académie des sciences, qui garde peu de traits communs avec le précédent.
 
Alors que Livanov, dans un interview au jouranl Izvestia, vient finalement de lire le projet et confirme bien sa volonté de créer un "club" de scientifiques-experts au service du pouvoir, le texte adopté renverse totalement la logique.
 
Le statut de l'Académie des sciences ne sera pas modifié, il restera celui d'un établissement public et les trois institutions resteront indépendantes les unes des autres. Le lien entre les académiciens et les instituts de recherche ne sera pas coupé, ce qui permettra de ne pas transformer les académiciens en "experts de poche". En revanche, le statut de membre-correspondant n'existera plus, il n'y aura que des académiciens et les biens seront gérés par une structure, mais dont la composition devrait être déterminée par les académiciens.
 
Bref, l'Académie est sauvée, Livanov est démenti, mais ça, c'est secondaire. L'important est que les académiciens aient pu faire front contre la volonté d'assujettissement de bureaucrates affamés et incompétents. Et, faisant d'une pierre deux coup, de réelles réformes peuvent être lancées. Pour plus de détails, il faudra attendre l'adoption du texte définitif à l'automne.

jeudi 4 juillet 2013

Quelqu'un prend-il connaissance des projets de loi avant de les voter? Livanov lève le doute...

Voir: http://izvestia.ru/news/553076

Ce qu'il est convenu d'appeler "la réforme" de l'Académie des sciences continue à provoquer de nouveaux scandales.
 
Alors que le ministre de l'enseignement et de la recherche met en oeuvre la transformation de l'Académie des sciences en une sorte de club à disposition du pouvoir, que V. Poutine refuse de décaler le vote du projet de loi, que le texte est adopté dans une mise en scène parlementaire en première lecture (donc sur la conception générale), que la deuxième lecture (accords sur les mécanismes du projets de loi) - contrairement aux garanties données par le président de le Douma Narychkine - aura lieu demain, donc sans tenir compte des propositions des académiciens eux-mêmes et que seule la troisième lecture (cosmétique linguistique) sera repoussée en septembre, dans ce contexte de passage en force, Livanov fait preuve d'une pleutrerie indicible.
 
Finalement, pour éviter les coups, il déclare aux journalistes n'avoir pas totalement lu  le projet de loi ... Oui, il en a formulé la conception, mais ce n'est pas lui qui l'a écrit ... et pas réellement lu non plus. On se croirait dans un bac à sable: ce n'est pas moi monsieur, j'étais même pas au courant... Minable.
 
La réaction n'est pas toujours mieux. Le vice-président du comité de la Douma pour l'enseignement se révolte, mais il aurait mieux fait de se taire. Selon lui, c'est compréhensible quand des députés ne lisent pas les lois, mais les ministres, ah non, c'est inadmissible!
 
Donc si j'ai bien compris, ceux qui déposent les projets de loi ne les lisent pas et ceux qui les votent non plus. Intéressant. Qui s'en occupe alors? S'ils sont trop occupés pour cela, il serait peut être temps de les remplacer par des personnes qui ont le sens de l'intérêt public?
 
Si la Maison blanche (gouvernement) et le Kremlin (administration présidentielle) trouvent de telles déclarations - pas l'acte lui-même, mais le fait de le prononcer publiquement - inadmissibles, selon des députés Edinaya Rossiya, Livanov ne risque rien pour quelques paroles.
 
Donc tout va bien. Le projet sera adopté et peu importe les dispositions concernant l'organisation du travail des scientifiques, le plus important est que le patrimoine des académies passe entre les bonnes mains. Et là, pas d'inquiétude, ces dispositions ont parfaitement été lues par les intéressés. Le reste, et bien on verra.

mercredi 3 juillet 2013

La Russie, les états unis d'Europe et Snowden: les masques tombent

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/news/2013/07/03/n_3014693.shtml

Non, Snowden n'a pas porté un coup décisif aux Etats Unis, il l'a porté à l'Europe. Il a fait tombé les masques de l'hypocrisie qui se cachent derrière la diplomatie, telle qu'elle s'entend aujourd'hui.
 
L'ex-agent de la CIA, qualifié de simple hacker par le Président Obama, est toujours à Moscou, ou plutôt dans la zone de transit de l'aéroport Sheremetivo, donc pas vraiment en Russie: il n'a pas traversé la frontière.
 
Quand Snowden révèle au monde un secret de polichinelle pour les politiciens, tout le monde est potentiellement ou réellement sur écoutes, il met nos bons penseurs européens au pied du mur. Il faut réagir. Alors ils réagissent, ne sont pas content, ils n'avaient peut être pas pris consience de l'ampleur du phénomène. Ils demandent des explications ... et reçoivent une giffle magistrale de la part de J. Kerry: chacun défend sa sécurité nationale comme il le peut en fonction de ses moyens. Donc, non seulement pas d'excuses, mais le message est clair: ce n'est pas parce que vous n'êtes pas capables de le faire que nous, qui en avons les moyens, n'allons pas le faire ... et continuer à le faire, puisque de toute manière personne n'est en position de nous en empêcher. Donc les dirigeants européens s'indignent, se drappent dans leurs vertus un peu défraîchies ... et c'est tout ce qu'ils peuvent faire.
 
Pourtant, non, Snowden leur offre une autre possibilité: il demande l'asile. Et tous refusent les uns après les autres, que ce soit la Pologne ou la Hollande. Officiellement la France continue à réfléchir. Pourtant la réponse a été donnée hier soir.
 
De retour d'une conférence internationale sur l'énergie à Moscou, le Président Bolivien Morales monte dans son avion, décolle vers son pays et ... doit attérir d'urgence à Vienne. En effet, Obama n'a pas contraint un avion qui pourrait contenir Snowden à atterrir. Il n'en a pas besoin, pour effectuer les basses besognes, il a ses chiens de gardes, en l'occurence la France, l'Espagne, le Portugal ... qui interdisent le survole de leur espace aérien à un avion présidentiel. Des représentants de l'Espagne demandent même à fouiller l'avion ... pour y trouver un Snowden qui n'y est pas. Mais ils s'opposent à un refus. Après 9 heures de négociations et d'humiliation, l'avion décolle à nouveau. Et les Etats Unis ont tenu leur parole, ils n'ont pas intercepté l'avion.
 
Dites-moi, nous sommes en guerre? Contre la Bolivie? Je ne savais pas ... Depuis quand intercepte-t-on des avions présidentiels en plein vol?
 
Pour l'instant, seule la Russie est prête à donner l'asile à Snowden, à condition qu'il cesse ses publications contre les Etats Unis. Alors, qu'elle a commencé à être accusé d'avoir recruté Snowden, de travailler avec lui, c'est le seul pays aujourd'hui à défendre les droits d'un homme contre un système. Mais il certainement plus confortable des parler des droits des hommes en général... pour pouvoir mieux les violer en particulier. L'Europe et les Etats Unis nous en donnent un bel exemple, la main dans la main.
 
Snowden vient de faire tomber le masque d'une Europe à genoux, inféodée, aux ordres. Pitoyable. Snowden vient de rendre public le portrait de Dorian Gray, il nous renvoie à la figure toute la bassesse, toute la corruption morale, toute la dégradation de notre système de valeurs, qui n'en est plus un.

mardi 2 juillet 2013

L'Académie des sciences en sursis

Voir: http://www.gazeta.ru/science/2013/07/01_a_5402737.shtml

Hier, une assemblée générale extraordinaire de l'Académie des sciences de Russie a, semble-t-il, permis de freiner l'opération d'appropriation lancée par Livanov, ministre de l'enseignement et de la recherche, qui ne s'attendait pas à la capacité de réaction d'une institution qu'il jugeait moribonde.
 
Tout le week end, les académiciens sont montés au créneau, notamment médiatique. Le message à faire passer est clair: si le gouvernement réforme l'Académie des sciences comme il entend le faire par le projet déposé, sans aucune consultation ni avec les organismes concernés, ni avec les organismes consultants sur les projets de loi, ce n'est pas une réforme, mais une mise à mort. Non seulement du système académique, mais également de la science en Russie. Telle est en substance l'idée de la résolution officielle.
 
Il faut souligner, quand même, que le Gouvernement a réussi l'exploit de faire l'unanimité contre lui, quelles que soient les tendances politiques. Même au seins des académiciens, certains ont refusé, si le projet prenait forme, d'entrer dans cette espèce d'association de chercheurs. Ce fut le cas de grands noms de la science russe, ayant une renommé mondiale, comme Valentin Roubakov ou Vladimir Zakharov. Parallèlement, certains instituts de l'Académie ont demandé au minimum la démission de Livanov, allant même jusqu'au départ du Gouvernement. Pour leur part, les communistes annonçaient la tentative de réunir le quorum permettant de lancer la procédure de mise en responsabilité du Gouvernement de la Douma.
 
Alors que l'assemblée plénière se tenait, le président de la Douma, S. Narychkine tentait déjà de calmer le jeu, sans faire perdre la face ni au ministre Livanov, ni au Gouvernement (puisque le projet est soutenu par Medvedev). Il a donc annoncé que le texte passerait en première lecture à la Douma le 3 juillet, demain, mais quant aux deux autres lectures, qui sont décisives, elles n'interviendront qu'après les vacances parlementaires, en automne. Entre temps, les académies seront consultées, il sera tenu compte du projet de réforme en cours de préparation par le nouveau président de l'Académie des sciences qui vient d'être élu, mais qui n'a pas encore été confirmé par le Président.
 
Pour sa part, ce nouveau président de l'Académie des sciences, V. Fortov, doit s'entretenir avec le Président V. Poutine et chercher une issue "pacifique" au conflit initié par Livanov, notamment par des discussions avec ce ministère.
 
Pour ne pas laisser retomber la pression, le syndicat des collaborateurs scientifiques organise des manifestations publiques. Ainsi, dans toutes les régions de Russie, doivent se tenir des réunions regroupant les collaborateurs scientifiques des académies. A Moscou, une réunion est prévue à 16h aujourd'hui en face du bâtiment du présidium de l'Académie des sciences. Par ailleurs des piquets doivent être régulièrement organisés. Ils commenceront dès demain  à 9h30 devant la Douma, où des fleurs seront individuellement déposées pour conjurer l'enterrement de la science. Comme cette "manifestation" n'a pas été convenue avec la mairie de Moscou, on verra comment elle se passera.
 
Dans tous les cas, l'Académie a gagné du temps. Avec un peu de chance et beaucoup d'énergie, cela permettra d'enterrer cette fois le projet de loi et de mener une réforme en douceur, mais en profondeur de la science en Russie.

lundi 1 juillet 2013

Les médecins russes moins payés que les techniciens de surface

Voir: http://svpressa.ru/society/article/70137/

Les chiffres des salaires des médecins en Russie sont inquiétants. Si le ministère avance un salaire moyen de 38 000 roubles par mois (soit presque 1000 euros), alors que le salaire moyen officiel serait de 27 000 roubles (soit 675 euros), les médecins eux-mêmes parlent de tout autre chose.
 
Par exemple, un chirurgien à Novgorod expliquait avoir un salaire mensuel brut de 13 700 roubles (soit environ 340 euros) en tant que médecin de catégorie supérieure. Dans la région de Iaroslav, selon le syndicat des professions de santé, un médecin de première catégorie a un salaire mensuel de base de 6215 roubles (soit environ 155 euros) et une prime d'ancienneté de 1865 roubles, ce qui fait un salaire mensuel de 8080 roubles (soit environ 200 euros).
 
Dans le même temps, la ministre de la santé, Veronika Skvortsova a déclaré des revenus personnels pour l'année dernière s'élevant à 4,7 millions de roubles, soit environ 500 fois plus que le salaire moyen d'un médecin.
 
Si l'on s'intéresse aux offres d'emploi dans le secteur, à Rostov sur le Don, par exemple, les salaires à l'embauche pour les médecins varient de 7000 roubles à 27 000 roubles (pour un spécialiste hautement qualifié). A Saratov, plus de la moitié des offres d'emploi ne proposent pas un salaire supérieur à 10 000 roubles. Et 9000 roubles pour Briansk.
 
Dans le même temps, le rythme de travail demandé est effarant. Un chirurgien, par exemple, est amené à faire en moyenne 11 opérations par jour et doit remplir toute la paperasse qui va avec.
 
Selon l'analyse du centre de droit médical, le problème du financement de la médecine est endémique. Les fonctionnaires, tant fédéraux que régionaux, des ministères de la santé sont surpayés, quand les hôpitaux sont à peine financés. Les médecins sont ainsi moins payés que les techniciens de surface. Sans parler des détournements de fonds publics que permettent l'achat de matériel médical à un prix gonflé, les travaux de rénovation, etc ...
 
Si certains médecins ont commencé à réagir, à faire grève notamment, le mouvement est peu suivi. L'exemple a été donné. Quand un médecin fait grève, il a de grandes chances d'être renvoyé pour faute professionnelle et d'encourir ainsi une interdiction d'exercer. D'une manière générale, même s'il est "simplement" obligé de partir, il a de grandes difficultés à retrouver un emploi, car un employeur n'aura pas envie de recruter quelqu'un qui risque d'exprimer son mécontentement.
 
Tout cela donne parfois l'impression d'une volonté de détruire le service public de la médecine, qui coûte assez cher et de le remplacer par une médecine payante, privée. Assez souvent, de telles propositions sont formulées et les gens commencent à s'y accoutumer. Sans commentaires.