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mardi 7 octobre 2014

Hong Kong: la tentation de la "Maidaïnocratie"

Occupy Central, Hong Kong
 
Ces deux dernières semaines ont été marquées par la montée du mouvement Occupy Central à Hong Kong. En effet, des étudiants très prévoyants et citoyens sont montés à l'assaut du pouvoir de Pékin pour demander dans la ville des élections libres et démocratiques ... en 2017. Oui, en 2017. Et ce juste avant les fêtes nationales du 1er octobre, conduisant les pouvoirs locaux à annuler les différentes cérémonies. Et cela juste quand les Etats Unis, par la voix du vice-ministre de la défense, annoncent s'inquiéter de la tentative par la Chine d'une remise en cause de l'ordre mondial, c'est-à-dire d'un monde américano-centré. Alors on retrouve des mouvements "pacifistes" qui occupent des espaces publiques. On les voit apporter à manger. On les voit jeunes, très jeunes. Car la jeunesse est l'avenir. Elle détient la vérité, de manière innée, car elle est jeune. Elle peut donc être coupée de tout, notamment de ses racines, qui ne sont qu'une illusion d'optique. Dépassé. La génération Iphone est l'avenir de l'humanité post-moderne, la "Maidaïnocratie" l'avenir de la démocratie.
Les mêmes causes entraînent à peu près les mêmes effets. Une population jeune, mise en avant contre un pouvoir oppresseur, sur fond de crise socio-économique, avec le slogan de la Démocratie comme justification totale et absolue. Comme la démocratie, qui ne peut être que totale et absolue, donc appartenir au peuple, à tout le peuple. Mais dans les "vraies" démocraties, laissons toutefois le pouvoir à ses représentants, c'est plus sûr. Et toute cette jeunesse, spontanément, se rend dans le centre de Hongkong, spontanément prend des parapluies, spontanément allume en même temps les Iphones etc etc etc. Et l'on retrouve les mêmes appels publics filmés de jeunes filles parlant en anglais et demandant le soutien à la démocratie, devoir diffuser sur les réseaux sociaux pour que les gens qui eux, vivent en démocratie, puissent les aider à accéder à la démocratie. Même numéo qu'en Ukraine. Jeune fille stéréotypée, Message aussi. Avec une répétition excessive du mot "démocratie".
 
Les mouvements de Pékin entraînent comme toujours une réaction des Etats Unis qui exigent des autorités chinoises de respecter la contestation - après Ferguson. Réponse des autorités chisoises, c'est une affaire intérieure, aucune intervention d'aucune sorte ne sera tolérée. Exigence lors de la deuxième semaine de démonter les barricades "pacifiques mais au cas où"et d'évacuer les rues. Globalement, il semblerait que le mouvement s'étouffe. La Chine n'est pas l'Ukraine et la fermeté peut éviter une révolution, voire une guerre civile.
 
Et le traitement de l'information toujours le même. Les médias français, comme Le Figaro, s'épanchent, presque une larme à l'oeuil, sur le grand combat mené par ces jeunes étudiants. "Joshua Wong, l'idole de la rue, n'a que 17 ans, et les dirigeants historiques d'Occupy Central, comme le professeur Benny Tai, représentent la vieille garde, bousculée par la fougue de la jeunesse.". Car c'est bien là le ressort du mécanisme. Des jeunes. Qu'il est plus facile de manipuler et de déraciner. La révolution comme un jeu. On joue à se faire peur, et on finit par avoir peur. La démocratie, un slogan absolu, parfait à 17 ans, même si on ne le comprend pas. Il voudrait dire: le peuple a le pouvoir, nous sommes le peuple, nous avons le pouvoir. Mais ça reste très vague. Et la veille garde de 40 ans dépassée, car il n'y a pas de temps pour raisonner, ça ne rentre pas dans un tweet. Et finalement on joue à la démocratie.
 
Et cette forme de "démocratie" tant saluée dans la presse. Même si, pour cela, il faut oublier ce que sont devenus les grandes révolutions en couleurs. Où en est la démocratie en Irak? En Egypte? En Lybie? Combien de civils meurent chaque jour lors de la non-guerre d'Ukraine? Ce Maïdan idéal?
 
Toutefois, The Washington Post, laisse la parole au doute, à la dissidence dans la parole. Et de rappeler que finalement, Hong Kong n'a jamais eu autant de liberté politique que sous la gouvernance chinoise, car sous la domination anglaise, les gouverneurs étaient directement nommés par Londres. Et de rappeler que si, au début, la majorité de la population était favorable au mouvement, maintenant l'opposition est majoritaire. Et de se dire que l'avenir de l'Ukraine n'est pas enviable. Que Hong Kong a des potentialités qu'il serait dommage de détruire. Qu'il s'agit surtout d'une crise socio-économique qui n'a pas grand chose à voir avec Péfin, en fait. Hong Kong s'est rapidement et largement recentrée autour de la finance, portant atteinte à la production locale et créant un fossé entre les personnes en fonction de leur domaine d'activité professionnelle, fossé accentué par une hausse du coût de la vie. Bref, la faute à la mondialisation. Utilisée ici pour la cause, enfin pour une autre cause.
 
Et l'évolution du rôle de la Chine, sa tendance à remettre en cause, discrètement mais efficacement, la suprématie des Etats Unis et l'ordre mondial centré autour de l'obéissance à cette suprématie inquiète largement Washington. Dont le travail se voit à Hong Kong. Surtout que Taïwan arrive sur le même modèle. Cette crise aura permis, en tout cas, d'accéler le rapprochement entre la Russie et la Chine, de relancer la coopération sur tous les fronts, de remettre en cause le dollar dans leurs échanges et de faire front dans le renseignement, notamment en ce qui concerne les "tentatives de révolution".
 
Au moment où il aurait fallu totalement isoler la Russie, dans la logique de la politique américaine, l'activation de Hong Kong semble être une erreur, puisque non seulement le conflit ukrainien ne prend pas fin, mais il s'enlise dans le sang. Ce qui pousse la Chine dans les bras de la Russie et permet de consolider la création d'un pôle asiatique, voire de radicalement déplacer le centre de "l'ordre mondial" hors de portée d'un occident à bout de souffle. Ce qui, en fait, serait également regrettable, car entraînerait un vouveau déséquilibre. C'est ici que l'Europe pourrait prendre sa place et redevenir un acteur sur la scène internationale. Mais pas une Europe américanisée, une Europe européenne. Celle qui est attendue, par ailleurs. 

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