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jeudi 4 février 2016

Berezovsky v. Litvinenko

S. Sokolov, ex-responsable de la sécurité de B. Berezovsky

Une information intéressante est sortie hier soir aux infos nationales russes: l'ancien responsable des services de sécurité de Boris Berezovsky annonce que l'oligarque voulait rentrer en Russie, détenait des documents compromettant pour les services secrets britaniques, qui l'auraient tué. Jusque là, ce n'est pas un scoop. Mais il a en sa possession 9 années de correspondances. Et là, ça devient intéressant.


L'information a été révélée par le reportage de Olga Skabeeva qui a été diffusé sur la chaîne publique Rossia 1 au journal télévisé du soir. En voici la version russe:


L'ancien responsable de la sécurité de Boris Berezovsky, Serguey Sokolov, resté en correspondance avec l'oligarque, même lorsque celui-ci était en Grande Bretagne, est certain que le suicide est incompatible avec la situation dans laquelle se trouvait Berezovsky. Avant tout car c'était un joueur et il revenait dans le jeu.

Les contacts s'étaient réactivés en 2004, lorsque B. Berezovsky avait en partie financé et soutenu la révolution ukrainienne. Plus tard, il a fait de même avec le mouvement Bolotnaya débuté fin 2011, qui devait destabiliser la politique intérieure russe après l'annonce de la candidature de V. Poutine aux présidentielles. Mais l'opposition, bien que financée, fut incapable d'entraîner la population qui n'avait pas l'âme révolutionnaire. Selon les mots assez durs de Berezovsky à propos des leaders de l'opposition non systémiques russes:
 "ils ont atteints le maximum de leurs possibilités (...). Ce sont tous des clowns"

En 2013, le vent tourne et comme tout politicien d'expérience, il le sent. La tonalité des messages change. Il écrit:
"Qu'ils aillent tous se faire voir, je veux rentrer à la maison et je veux aider Poutine comme je peux"
Longtemps, il avait hésité à envoyer une lettre à Poutine et finalement se décide:
"C'est idiot tout ça, je n'ai pas changé d'avis en une seule journée. Ca aurait été idiot d'expliquer tout cela. Ce ne sont que de belles paroles et Poutine n'a pas besoin de belles paroles. Il a besoin de faits et il faut le convaincre qu'il a raison et qu'il a gagné. C'est comme ça. On a préparé le texte comme une autobiographie pour entrer au PC. Evidemment je garde certains faits à part, pour que personne ne les voit. "
Pour faire passer la lettre, il a recourru aux services d'un autre oligarque, Roman Abramovitch. Et il semblerait que certains éléments de sa collection personnelle aient accompagné le courrier, comme l'affirme Sokolov:
"Boris Abramovitch (Berezovsky) est un homme pragmatique. Il a réuni des archives impressionnantes, dans lesquelles il y avait et des vidéos, et des photos, et des bandes audios, d'une grande importance, liés au MI6, à la CIA. (...) Il faut comprendre que ces documents étaient extrêment dangereux pour de nombreuses personnes qui sont aujourd'hui au pouvoir"
Il est possible de développer encore, mais l'idée est claire. Selon Sokolov, Berezovsky a été tué et ne s'est pas suicidé pour plusieurs raisons:
1. Il attendait la réponse de V. Poutine sur les conditions de son retour en Russie et dans le jeu politique intérieur, puisqu'il négociait également ses archives;
2. Ses archives devaient intéresser la Russie et comme il en a parlait partout à Londres, ses intentions n'étaient pas secrètes, ce qui le mettait en danger.

En lançant cette information, la Russie répond à l'Angleterre. Berezovsky contre Litvinenko. Quelles sont les informations réelles, je n'en sais rien, ni d'un côté ni de l'autre, je ne travaille pas dans les services secrets ni de l'un ni de l'autre pays. L'intérêt de toute manière est ailleurs.

Le combat qui se mène est à la fois un jeu de messages (nous avons des informations, mais vous ne savez pas jusqu'à quel point), un jeu de bluff (peut être n'avons nous rien, qui sait), mais surtout un jeu médiatique. Et ici, la position du monde anglosaxon est privilégiée, car il maîtrise la fermeture de son espace d'informations par rapport à la Russie qui le laisse ouvert. 

Ainsi, lorsque la fausse enquête sur la mort de Litvinenko est lancée dans l'espace médiatique, elle se déverse dans tout l'espace médiatique des états satellites du monde anglo-saxon, et ils sont nombreux, mais également l'information entre sans résistance dans l'espace d'information du monde russe. 

A l'inverse, lorsque la Russie envoie son message sur l'assassinat de Boris Berezovsky, les médias du monde anglo-saxon et des pays satellites font de la résistance. Et quand l'information finira par percer, elle sera retraitée, elle ne passera pas à l'état brut.

Est-ce bon de fermer à ce point l'espace médiatique? Non, car l'information passe, notamment par internet et parce que les gens finissent par perdre confiance en leurs médias. Toutefois, une grande partie de la population regarde principalement la télé, donc ce qui y passe influence encore et toujours "l'opinion publique". Et faire le choix de l'ouverture oblige se mettre souvent en position défensive pour réagir justement devant l'opinion publique face à toutes les pics lancées. 




 









1 commentaire:

  1. Ce qui serait intéressant de savoir c'est pourquoi Sokolov en parle maintenant mais pas lors de la mort de Berezovski

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