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mercredi 24 mai 2017

Kirill Serebrennikov: l'art expérimental justifie-t-il les détournements de fonds?

"Prière"


Question rhétorique: l'art expérimental justifie-t-il les détournements de fonds publics? Cette question n'est pas si stupide qu'elle devrait, à juste titre, l'être, si l'on en croit la vague d'indignation dans les milieux artistiques suite aux perquisitions dans le très en vogue Centre Gogol à Moscou et chez son directeur artistique Kirill Sebrennikov, l'enfant chéri provocateur de l'art expérimental russe.


En 2012, Kirill Serebrennikov a été nommé directeur artistique du Théâtre Gogol et a immédiatement annoncé sa volonté de le transformer en "Gogol-Center", ce qui fut fait dès 2013. Dans le cadre de cette nouvelle structure, différents studios, dont le Studio 7 qui a été fondé sur la base de l'école des acteurs du théâtre Tchekhov, ont conclu des contrats avec le ministère de la culture dans le cadre du programme de développement de l'art moderne. Le niveau de soutien et de financement par le Gouvernement et la ville de Moscou de ces  nouvelles structures a surpris ses confrères de théâtres, pourtant (ou justement) plus expérimentés. D'autant plus que dès 2015, l'ampleur des problèmes financiers et la carte blanche dont bénéficie le Centre le conduisent déjà au bord de la faillite, en raison de l'ampleur des impayés. Deux de ses directeurs quittent l'établissement et Serebrennikov est nommé directeur par interim.

Les services d'enquête se sont penchés sur la question et estiment que le Studio 7 a conclu plusieurs contrats avec l'Etat qui n'ont pas été remplis alors que les fonds ont été versés. L'un d'entre eux concerne la fourniture de costumes pour un spectacle expérimental à hauteur de 1 million 286 mille roubles. Les sommes totales détournées sont estimées à environ 200 millions de roubles sur ces dernières années. Alors que K. Serebrennikov est interrogé simplement en qualité de témoin, l'ancien directeur général Y. Itine (actuellement directeur du Théâtre Volkov à Iaroslav) et l'ancienne comptable en chef N. Maslaeva ont été arrêtés, pour avoir conclu des contrats fictifs.

Immédiatement, les milieux artistiques s'emballent, l'on parle ni plus ni moins que de répressions, des lettres de soutien sont écrites par les acteurs, par le directeur du Bolchoï, l'esprit de corps joue. L'argument est simple: Serebrennikov ne doit pas être touché, il ne peut être responsable pour les questions financières. Lui qui est reconnu pour ses provocations, le géni doit être hors de porté des enquêteurs, pauvres mortels qui ne peuvent le comprendre.





A priori. L'esprit de corps ne concerne pas manifestement l'ancien directeur, lui arrêté. Ce qui laisse sous-entendre que ce ne sont pas les détournements de fonds qui sont remis en cause, mais les milieux artistiques estiment que certains de leurs membres doivent bénéficier d'une immunité totale. L'expérimentation artistique devant manifestement justifier l'expérimentation financière. 

Pourquoi une telle réaction et tellement ciblée? Parce que l'on ne touche pas à l'art expérimental, il fait parti des piliers de la "nouvelle société" post-moderne. Pourtant, ce ne sont pas ses expérimentations plus ou moins réussies qui sont remises en cause. Voici, pour avoir une idée, trois vidéos présentant ce qui est considéré comme ses plus grandes réussites.

Projet "Platformes", spectacles "Les métamorphoses"


Spectacle Les âmes mortes



Spectacle La voiture de Muller


Ce qui dérange le plus dans ce scandal est l'hypocrisie qui se cache derrière les cris de jeunes vierges effarouchées. Il n'est pas question de remettre en cause la liberté d'expression des artistes. Il n'est même pas question de remettre en cause le financement public de projets expérimentaux, parfois très douteux, c'est dans l'air du temps. Mais il est demandé que les contrats signés et payés soient exécutés, dans le cas contraire, il faut en répondre.

Quel est le rapport avec la liberté artistique. Donc je repose la question: l'art expérimental justifie-t-il les détournements de fonds? 



1 commentaire:

  1. Il faut de tout pour faire un monde, ok , mais j'ai toujours pensé que ces gens se foutaient de nous à n'y pas croire. Je trouve ces "expérimentations artistiques" d'une nullité, d'une bêtise renversantes. A la place du Ministre de la culture, je ne sais pas s'il y en a un en Russie, je ne donnerais pas un kopeck à ces guignols pour des conn... pareilles.

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